« J’aime pas les soft skills », cet adage a longtemps était le mien pendant ma recherche d’emploi et ce, pour différentes raisons. Depuis l’organisation d’une journée de webinaires par « Parlons RH » sur cette thématique en mai dernier et l’intervention de Laurent Gontard, directeur du développement chez Stelliant, j’ai littéralement changé d’avis. Mais qu’est-ce qu’il a bien pu dire pour y parvenir ?
Lors de son intervention, Laurent Gontard a expliqué pourquoi il est important de s’intéresser aux soft skills. Il a passé en revue les compétences humaines les plus recherchées dans les entreprises et les façons de les travailler ou de les développer. A chaque fois, son analyse a tapé dans le mile. Avant cette série de webinaires et son exposé, je ne voyais pas l’intérêt de renseigner des compétences humaines sur un CV. Un recruteur ne doit-il pas s’employer à engager le plus compétent ? A force de passer des entretiens où on me disait : « Nan mais clair qu’en termes de compétences, vous êtes de loin la meilleure mais on cherche un petit je-ne-sais-quoi qui fasse la différence », j’ai fini par me pencher avec plus de sérieux sur les soft skills. Et cette journée de webinaires en mai sur cette thématique est tombée à point nommé. Tellement bien que quelques semaines plus tard, je décrochais mon nouveau job.
Les soft skills sont les caractéristiques de vente de votre candidature
Tenez ! Je vais reprendre l’exemple sorti dans le livre Outplacement d’Arnaud de la Croix à qui j’ai consacré un article sur ce blog. Oui, oui, celui-là même sur lequel je crachais il y a encore six mois. Imaginez… L’entreprise dans laquelle vous postulez est un magasin d’électroménager. Devant celui qui recrute et engage se trouvent des dizaines de machines à laver avec des hublots au centre. Ces cubes identiques et alignés, ce sont les autres candidats et vous. Comment voulez-vous que le client fasse son choix ? A la base, les machines à laver ont TOUTES la même capacité : lessiver. Il va donc chercher du côté des critères de vente pour faire son choix : la consommation d’eau (comprenez les thunes), la température de lavage (avec ou sans caractère), la durée de vie (le candidat va-t-il rester fidèle à l’entreprise plus de six mois), le délai de livraison (libre de suite ou pas), etc. Les caractéristiques d’une machine à laver correspondent donc aux soft skills d’un candidat. Là, on voit pourquoi elles deviennent déjà plus parlantes pour vous.
Quels sont les soft skills du futur ?
Il existe une foule de soft skills. Dans mon cas, j’en avais retenu trois après moultes hésitations : l’humour – même si j’avoue, mes blagues ne volent jamais très haut -, l’esprit d’équipe – découvert sur le tard – et la créativité. Laurent Gontard, lui, en a retenu d’autres qui, dans les mois et les années à venir, vont vraiment faire la différence dans une candidature : la faculté à apprendre et à désapprendre, l’esprit collectif, le sens de l’analyse, la capacité à argumenter, la résilience, le sens du détail, et le courage managérial.
Se programmer pour mieux se reprogrammer : votre cerveau est un disque dur
Avec cette compétence, il faut se dire « Ce que je fais n’est peut-être plus la bonne méthode de faire ». Laurent Gontard explique : « On assiste de plus en plus à une obsolescence des compétences. Une compétence technique a une durée de vie de cinq ans en moyenne. Si la personne n’évolue pas et ne se forme pas, elle est rapidement dépassée. » Cette caractéristique en implique d’autres comme l’ouverture d’esprit, la facilité à prendre du recul sur soi et ses connaissances, le sens de la curiosité, et la faculté d’apprendre par soi-même. Oui, les soft skills, c’est un peu comme pour les poupées russes, tu pensais n’en avoir qu’une à caser sur l’étagère et tu te retrouves avec une demi-douzaines de nids à poussières en un claquement de doigts.
Avoir le sens du collectif : possible même pendant la recherche d’emploi
Savoir travailler ensemble est une autre compétence très recherchée. En tant que demandeur d’emploi, si cette qualité vous fait défaut, pourquoi ne pas participer à des ateliers collectifs en recherche d’emploi pour vous exercer au travail d’équipe. Proposez vos services lorsqu’un individu bute sur son CV ou sur un projet. Une fois que vous aurez trouvé un nouvel emploi, cette expérience s’avérera utile lorsque vous mènerez des projets transversaux entre plusieurs services. Oui, à l’heure actuelle, travailler tout seul dans son coin n’a plus trop la côte. Adieu les vieux ours solitaires !
Prendre de la hauteur et savoir analyser les données… et les problèmes
Cette caractéristique nécessite d’avoir une vision d’ensemble de soi, des autres, et de ce qu’on peut apporter à une entreprise ou de ce qu’il y a à améliorer quand vous avez un pied dedans. Avoir de la hauteur offre, mine de rien, de très nombreux avantages. Prendre du recul lors de l’apparition d’un problème va diminuer le niveau de stress et favoriser sa résolution. Cela va aussi permettre de contextualiser les problèmes et de dégager davantage de solutions. Analyser les situations d’une façon plus générale va… last but not least… vous aider à garder votre vivacité d’esprit. Et, croyez-moi, dans le monde de l’entreprise, cette faculté va vous aider à sortir d’un mauvais pas à de très nombreuses reprises.
D’autres soft skills très utiles
Etre résilient c’est également être enthousiaste, productif, positif et savoir avancer de façon sereine devant la complexité du monde et de l’entreprise. Waouh ! Comme c’est beau cette phrase ! Pour Laurent Gontard, l’autre soft skill très recherché ces temps-ci est le courage managérial. J’ai beaucoup aimé la façon dont il a parlé de l’évolution du poste de manager : « On va de plus en plus attendre des managers qu’ils soient capables de parler d’autres choses que de performances et de résultats à court et à moyen terme. Ils devront être capables d’identifier les potentiels, de donner des feedback, de porter le discours de leur équipe de façon collective mais aussi individuelle. » Bon, cette thématique, je promets de vous en reparler dans un autre article parce que son point de vue est vraiment intéressant.
Pouvez-vous développer des soft skills ?
Peut-on développer ses soft skills ? Réponse de Laurent Gontard : « Parfois on pense les développer comme on développe des compétences professionnelles à travers de courtes formations. Mais le développement de ces compétences douces passe par un entraînement régulier, par une communication et un investissement dans le temps. C’est un projet qui s’inscrit dans la durée. J’ai souvent des discussions avec mes collaborateurs qui me disent ‘Je suis comme je suis, je ne changerai jamais.’ Ou ‘De toute façon, c’est trop tard! ». Certains ont même 25 ans quand ils me disent ça ». Je pense que ma mission de vie professionnelle est de leur dire qu’on peut toujours évoluer et s’améliorer.«
Développer de nouveaux soft skills ne vous transformera pas
Il poursuit son raisonnement : « Développer des soft skills ne veut pas dire se transformer. Je comprends la peur qu’on peut avoir en se disant : ‘Si je change certains comportements, je ne serai plus tout à fait moi, naturel et authentique.’ L’enjeu des soft skills, dans le monde professionnel, est d’être capable d’ajuster des comportements dans certains contextes bien déterminés. Développer une culture de soft skills quand on est RH, c’est convaincre les collaborateurs qu’on ne va pas leur demander de changer en tant qu’être humain. On va les aider à prendre conscience de certaines attitudes, d’ajuster des comportements avec pour objectif de développer leur bien-être, leurs performances, etc. » Pour lui, cela ne peut se faire qu’en gardant ces qualités en tête régulièrement et à s’y exercer de façon individuelle ou collective.
Les soft skills sont-ils un effet de mode ?
Laurent Gontard pense que non. Là encore son analyse est très pertinente : « On le voit dans le secteur de l’éducation. De plus en plus, on enseigne aux enfants non seulement des compétences techniques comme les maths, par exemple, qui restent tout aussi importantes et fondamentales, mais aussi des compétences comportementales, comme le travail collectif, une meilleure synthétisation, de meilleures interactions avec les autres, la faculté de s’adapter aux interlocuteurs. Je pense que les soft skills ne doivent pas uniquement s’appliquer au milieu du travail : il est aussi important de les développer dans sa vie sociale et personnelle. »
Demandeurs d’emploi : trouvez vos soft skills
La difficulté quand on est demandeur d’emploi est de trouver les soft skills qui sont les vôtres. Rien de plus compliqué, sauf quand on est constamment sur Instagram, de parler de soi. J’avais la même difficulté et j’ai demandé à des proches de donner des qualificatifs positifs et négatifs me concernant et j’ai gardé ceux qui revenaient le plus souvent. Le site Les 16 personnalités m’y a aussi beaucoup aidée. Et vous ? Les avez-vous déjà trouvés, vos soft skills ?

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