Myriam Bruneau a longtemps été assistante qualité dans une grande entreprise belge. A la suite d’un problème de santé, consciente de ne pas parvenir à s’adapter à l’évolution de son entreprise, elle a tenté le pari d’une reconversion professionnelle comme correctrice professionnelle.
« Je vais bien », avoue-t-elle d’emblée lors de notre entretien téléphonique. Comme de très nombreux salariés dans le monde, elle a été usée par un travail à d’incessants changements et des objectifs qu’elle n’arrivait pas à atteindre. Elle ajoute : « Je reconnais qu’au fil des années, j’ai beaucoup appris dans le sillage de vrais professionnels. » Une sciatique subite et douloureuse a eu raison de sa motivation et du sens qu’elle accordait encore à son travail. « C’est mon corps qui m’a montré combien j’étais à bout. J’ai eu peur que cela devienne chronique et j’ai dit stop de ma propre initiative ».
Un film déclenche sa mise en action
Un autre évènement va jouer un rôle important dans son déclic : « J’ai visionné le film Les risques psychosociaux au travail, du SPF emploi de Belgique. Ce film m’a permis de verbaliser le mal-être que je ressentais depuis des mois mais que j’avais eu du mal à définir jusque là. Je me souviens m’être assise et avoir recopié tout ce que les témoins disaient dans ce documentaire et j’y ai fait correspondre ma propre expérience, mes ressentis et mes mots.
Le regret de ne pas pouvoir dire « au revoir »
Le confinement arrive. Elle reprend du poil de la bête et choisit avec l’accord de sa hiérarchie d’être licenciée pour raison médicale sans indemnités de départ. « Ca m’a fait énormément de bien. Tout est allé très vite, mon seul regret a été de ne pas pouvoir partir en disant au revoir à ses collègues. J’en étais de toute façon incapable émotionnellement . » Elle avoue : « Aujourd’hui j’ai tourné la page. Je suis apaisée, heureuse de ma décision même si tout reste à reconstruire. »
Une reconversion comme correctrice
Ce qui l’a aidée ? Avoir un projet professionnel : « Bien avant mon arrêt de travail, j’avais démarré une formation de lectrice-correctrice pour la presse et l’édition au Centre d’écriture et de la communication à Paris. J’ai effectué un stage dans une maison d’édition parisienne pendant mes congés avant de m’installer comme indépendante complémentaire et commencer à exercer professionnellement. En septembre, j’ai débuté un cursus comme étudiante libre à l’Université de Lille en Lettres modernes. » Se plonger dans les livres lui a changé les idées : « C’est très enrichissant et ça me fait beaucoup de bien. »
Des projets retardés par la pandémie
Membre de l’Association des correcteurs de langue française (ACLF), elle aurait dû effectuer d’autres stages mais la situation sanitaire actuelle l’a obligée à revoir ses plans. Elle précise : « Je suis très attentive au marché de l’emploi. Je sais ce que je ne veux plus faire. La philosophie des grandes entreprises ne me convient pas. Je dois en tenir compte dans ma recherche d’emploi. » Pendant son temps libre, Myriam gère une plateforme culturelle sur le net « Le Mesnil mon temps », inspiré des premiers cafés vénitiens.
Notre première rencontre
J’ai rencontré Myriam Bruneau il y a an tout juste, à l’occasion d’une formation « In Design ». Tout de suite, j’ai eu l’idée de la programmer comme sujet d’article sur ce blog. C’était bien avant le confinement. Bien avant qu’on soit obligés de limiter nos contacts sociaux, contraints de revoir nos projets, condamnés à pratiquement tout faire assis derrière un écran. Elle explique : « Cette déshumanisation des relations sociales interpelle. Elle est visible dans le monde du travail et dans la sphère privée. Aujourd’hui, la gestion administrative d’un ménage et d’une famille implique de se rendre sur des sites internet, des espaces personnels et de recevoir comme des mails avec pour objet ‘No reply’. Avoir des interlocuteurs au téléphone devient de plus en plus compliqué. Ce sont les êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs différences et leurs complémentarités, qui font la richesse d’une société. »
Je ne suis ni romancière ni novelliste, ni essayiste ni poète… juste épistolière, laissant courir la plume sur le papier à lettre pour rejoindre son destinataire. C’est ma manière d’aller vers l’autre, de partager mon intimité avec la sienne, de tendre un fil invisible entre nos âmes…
Myriam Bruneau

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